Arnaud Ardoin et l’équipe de l’émission Ça Vous Regarde, diffusée du lundi au vendredi à 19h30 sur La Chaîne Parlementaire, m’ont reçu le vendredi 20 novembre, et m’ont demandé ce que l’on pouvait faire pour stopper la propagande de Daesh sur les réseaux sociaux. Prise d’une envolée lyrique assez subite, j’ai expliqué que je détournerai toutes les vidéos en y incrustant des images de Nyan Cat et de Mon Petit Poney.
Force est de constater que les vidéos de propagande de l’organisation terroriste sont très séduisante car s’inspirant des codes marketing des derniers jeux vidéo à la mode et des films d’actions. La spécialiste de l’islam radical Dounia Bouzar avait ainsi souligné les utilisations de l’organisation du jeu Assassin Creed. Ces vidéos circulent allégrement sur Facebook, Twitter et Youtube. Il serait parfaitement inutile de les bloquer mais il faudrait les détourner, les copier et insérer des morceaux de dessins animés, des musiques Kawaï, des images de PédoBear et répandre ces vidéos un peu partout, quitte même à insérer des images ou des vidéos beaucoup plus salaces. Je laisse au lecteur le soin de s’imaginer où je veux en venir. Récupérer ces vidéos sur Youtube et les bricoler ne demande pas de moyens budgétaires extraordinaires, on trouve très facilement des logiciels de récupération de vidéo de plateforme de streaming et les logiciels de montage audio et vidéo en open-source ou libres deviennent de plus en plus performants.
En créant des comptes « fantômes » qui s’ajouteraient sur les pages et les comptes des réseaux sociaux, on peut voir dès sa mise en ligne toutes les informations qui circulent – sans pour autant les rendre indisponibles – et les détourner, tout en commençant à capter le vivier d’abonnés.
La seule interrogation pourrait résider dans sa propagation : comment capter les habituels internautes de ces vidéos de propagande ? En étudiant les noms des comptes et en remplaçant un ou deux caractères dans le nom de compte, on peut facilement faire passer la copie pour l’original, quitte même à discuter avec Facebook, Twitter et Youtube (Google) pour que les plateformes laissent ces comptes parodiques s’amuser. Ainsi, certains comptes Twitter, pour éviter d’être supprimés par le réseau social, ont inséré des images dans leurs descriptions afin de passer sous les radars. On pourrait dupliquer les comptes quasiment à l’identique, ajouter en abonnés tous ceux qui suivent le compte original et laisser les choses se faire.
Pour améliorer leurs référencements, là encore, les choses sont assez simples : créer un vivier de vrais-faux comptes qui « likereraient » les vidéos et les messages, les partageraient et les commenteraient.
L’organisation terroriste mise sur l’aspect noble et héroïque de ses membres. En les tournant en ridicule de façon systématique, on peut leur couper une partie de leur « auditoire ». Le Gouvernement Français avait mis au point un clip qui essayait de démonter la propagande de l’organisation. A mon sens, la vidéo a trois points faibles :
- Elle est glauque ;
- Elle est estampillée Gouvernement Français ;
- Elle essaie de titiller la fibre patriote en affichant le drapeau Français.
La première fois que j’ai vu le clip, j’ai eu une réaction de rejet (j’ai changé de chaîne). Insister sur le fait que cette vidéo vient du Gouvernement Français et s’adresse à des jeunes provoque l’effet inverse car elle est censée s’adresser à des personnes qui sont justement en rupture avec l’autorité et l’Etat. Enfin, les Français n’ont pas le même sens patriotique que les Américains par exemple. Essayer de rassembler des jeunes potentiellement en rupture sous notre drapeau tricolore est contre-productif, surtout dans un pays qui a supprimé le service militaire et qui a fait de l’armée un corps d’élite. Aux Etats-Unis, (presque) n’importe quel jeune sortant de l’école avec l’équivalent du baccalauréat et même sans le baccalauréat peut s’engager, il suffit d’avoir 18ans alors qu’en France, la sélection est plus difficile.
Sur la question de la communication, au-delà des réseaux sociaux, il y a aussi les sites Web salafistes. Plutôt que de les supprimer ou de les bloquer, il faudrait là encore créer des sites Web très bien référencés naturellement – quitte à discuter avec les principaux moteurs de recherche – qui démonteraient les idées extrémistes, de façon à ce qu’une personne naturellement curieuse et sans arrière-pensées négatives tombe plus facilement par accident sur des sites « licites » que sur des sites prônant la haine.
La faisabilité juridique d’un tel plan de communication est très simple car c’est aussi la seule des hypothèses évoquées ici qui ne nécessitent pas d’adaptation législative. En effet, il y a deux possibilités :
- Utiliser des ressources internes dans le vivier de la fonction publique d’Etat et territoriale pour mener une action de grande ampleur, bien coordonnée ;
- Passer par une procédure de marché public même formalisée pour sous-traiter l’opération à l’une ou plusieurs des nombreuses agences de communication et de marketing qui existent, en leur laissant toute latitude.
On m’objectera que cela demandera tout de même des moyens financiers, même s’ils sont moindres que pour du marquage d’armes à feu. Je me contenterai de dire que lorsqu’il s’est agi de trouver 13 613€ pour une imprimante et un scanner pour le nouveau quartier général de l’armée française dans le quartier de Balard, à Paris, on a trouvé.
L’organisation terroriste pousse les personnes présentes sur le sol occidental à des actes meurtriers et parmi les auteurs des attentats du 13 novembre 2015, certains étaient connus des services du renseignement à travers leur fiche S.
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