L'offre légale ne ravit pas les opérateurs Telecom Suédois

Si l’offre légale en matière de vidéo en France souffre encore de quelques handicaps – notamment la fameuse chronologie des média – en Suède, l’offre légale de vidéo se porte bien. Elle est variée, concurrentielle, bien intégrée dans le paysage numérique. Tout irait bien dans le meilleur des mondes mais les opérateurs Telecoms ne l’entendent pas de cette oreille. Explications.

Le propos ne choquera personne mais nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser Internet, sur de plus en plus de supports et nous faisons appel à de plus en plus de services. Parmi les services, la consommation de vidéo est en tête en Suède. En effet, la télévision Suédoise étant ce qu’elle est, les Suédois ont très vite pris le virage de la vidéo en ligne. Sainte patrie de The Pirate Bay, elle a également été un terreau très fertile pour les services tels que Netflix, à tel point qu’à certaines heures de la journée, la consommation de vidéo représenterait 25% du trafic Internet Suédois, pouvant afficher un pic de 33% sur les réseaux mobiles. De l’autre côté, peut-être un effet de bord du développement de l’offre légale de vidéo, le partage de fichiers a baissé.

Réaction des opérateurs Telecom Suédois ? Une annonce officielle de priorité donnée aux échanges de fichiers et l’application d’un tarif différencié.

Jörgen Eriksson  de PunktSE a ainsi indiqué que pour répondre à l’augmentation du trafic, les opérateurs Telecom avaient non seulement procédé à une expansion de leurs capacités de gestion du réseau mais également donner une priorité différente.

En clair, à certaines heures de la journée, lorsque les pics de consommation deviennent trop forts, la priorité est donnée aux partages de fichiers, qui consomment moins de ressources. Cette information, fournie de façon très obscure par certains opérateurs Telecom, n’a pas encore fait grand bruit en Suède. En effet, toujours selon Jörgen Eriksson, les documents relatifs à cette question ont été écrits et publiés de façon tellement incompréhensible, que peu de gens ont été en mesure de réellement comprendre de quoi il s’agissait.

On comprend la démarche des opérateurs Telecom Suédois : annoncer ouvertement que l’on donne la priorité aux partages de fichiers sur les réseaux Peer-to-Peer alors que la justice Suédoise court allégrement derrière The Pirate Bay, que l’offre légale est existante et satisfaisante, leur vaudraient non seulement quelques questions de la part des autorités locales mais également de la part des associations de défense de la neutralité du Net.

En effet, toujours selon la même personne, non contents d’appliquer un traitement différencié dans les offres, les opérateurs Telecom veulent également appliquer un tarif différencié pour les gros consommateurs de services de vidéo en ligne. Sur le plan économique, cela pourrait se justifier – notamment de par l’expansion des capacités de gestion de réseau – mais cette hypothèse n’est voulue par personne, à commencer par les opérateurs Telecom qui ne souhaitent vraisemblablement pas perdre leurs clients.

L’effet de bord de cette pratique – outre le fait qu’elle fausse le jeu concurrentiel – pourrait être une nouvelle augmentation du partage de fichiers, au détriment de l’offre légale, qui amènerait peut-être les opérateurs Telecom à inverser la vapeur. Après tout, si à un moment X, on décide favoriser le peer-to-peer, pourquoi ne pas choisir à un moment Y de la défavoriser ?

Beaucoup de questions, tant techniques, qu’économiques et éthiques, apparaissent avec cette information. Gageons que les spécialistes s’empareront du sujet.