A l'origine était la farce

Le terme de hacking remonte aux années 1950 et trouve ses origines géographiques au MIT. Cela sous-entendait une plaisanterie, une farce, une blague de potaches, avec un esprit de compétition : qui allait faire la meilleure plaisanterie, qui allait accomplir la plus belle prouesse ? C’était donc un esprit purement ludique, guidé par l’idée que le terrain de jeu n’avait pas de limites et que s’il y en avait, il fallait les repousser.

Les premiers ordinateurs sont arrivés et cet esprit ludique s’est trouvé un nouveau terrain de jeu, plus important. La question n’a plus été qui allait inventer la plus belle plaisanterie mais qui pourrait apporter la meilleure amélioration à un système, un logiciel, écrire le meilleur programme mais toujours en respectant cet esprit ludique.

La seule règle, à savoir le respect de la combinaison de l’amusement et de la prouesse, n’entrait et n’entre pas toujours en adéquation avec les règles classiques du droit et de la bureaucratie. Ainsi, un système ou un logiciel bridé est une erreur, une imperfection. Or, pour un hacker et reprendre le mot de Stallman, l’enfer du hacker est la réitération des erreurs.

C’est à partir des années 1970 que nos joyeux lurons ont commencé à briser les systèmes de sécurité, sans pour autant poursuivre un but nuisible . Ce refus d’acte malveillant fut synthétisé dans l’ouvrage de Steven Levy, Hackers, qui dégagea cinq principes fondamentaux, codifiant l’éthique des hackers :
1.    Toute information est par nature libre
2.    Etre anti-autoritariste
3.    Les hackers se jugent sur leurs prouesses et non pas sur d’autres systèmes hiérarchiques sociaux
4.    Art et beauté peuvent être crées avec un ordinateur
5.    Les ordinateurs peuvent changer et améliorer la vie

Avec la démocratisation des ordinateurs dans les foyers, les prouesses technico-ludiques ont quitté les laboratoires du MIT pour se poursuivre, sans pour autant toujours respecter la règle qui voulait qu’aucun but malveillant ne soit poursuivi. De ce fait, pour les médias, les politiques et la justice, le terme hacker est devenu synonyme de délinquant, de criminel, de voleur numérique et ce, dès les années 1980, comme en atteste le Manifeste de Mentor.

A cela s’ajoute une volonté affichée de destruction des systèmes par certains, faisant des hackers une branche numérique d’un pseudo-mouvement punk alors qu’à l’origine, les hackers étaient plus proches de l’esprit Beatnik.

S’est alors établie une distinction entre les hackers, crackers, white hat, black hat, script-kiddies, red hat même si toutes ces notions ou identités ne sont pas incompatibles et peuvent désigner une seule et même personne. La différence fondamentale réside dans le but : le hacker va jouer et chercher à éprouver un système de sécurité dans le but de le corriger, de l'améliorer voire de le détourner de sa fonction initiale. Le cracker va poursuivre un but malveillant, soit la destruction du système soit un profit pécuniaire, de manière directe ou indirecte.

Mais le fait de rester dans un jeu technico-ludique reste le dénominateur commun entre les Primo-Hackers et les Hackers du XXIeme siècle.

Il convient de pondérer cette analyse car elle reste extrêmement théorique. Certains peuvent combiner les activités et les buts, tout dépendra de la façon dont le hack a été exécuté, le but recherché, la cible à atteindre et à présent, la communication qui sera faite. En effet, l’auteur de la biographie de Stallman qualifie, à raison, le mot hacker comme une sorte de boule de billard linguistique, que l’on peut retourner et renverser dans les tous les sens juridico-mediatico-politiques.

Le problème de cette absence de consensus sur la définition de ce terme peut donner lieu à certaines dérives qui seront aussi bien politiques, médiatiques que techniques.  

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