La Suède, le FRA et les VPN

Si vous êtes adeptes de certaines technologies permettant le secret des communications sur Internet, vous avez certainement remarqué qu’elles venaient souvent de Suède et que leurs « produits » étaient de bonne qualité, notamment le VPN.

Pour rappel, l’acronyme VPN désigne Virtual Private Network. Il s’agit d’un outil pouvant utiliser différents protocoles permettant la liaison entre plusieurs machines – ordinateurs mais également terminaux mobiles -  en passant par un réseau public. Egalement appelé tunnel, cette technologie permet de sécuriser les transmissions de données, notamment en les chiffrant.

C’est souvent en Suède que l’on trouve les meilleurs VPN. Ce que l’on sait moins, c’est la raison de ce développement. Explications.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le 30 juin 1942 est fondé le Försvarets radioanstalt (FRA), appellation que l’on traduit en Français par Institut National de Défense Radio. Le but de cette organisation rattachée à la Défense était de surveiller et d’intercepter les différents signaux de communications, que ce soit les conversations téléphoniques, les télégrammes et plus tard, les échanges sur Internet.  Historiquement, la Suède semble avoir toujours été à la pointe de ce type de technologie, de même que ses services ont commencé tôt à travailler sur la cryptographie. Géographiquement proche de l’URSS, l’objectif non avoué à cette époque, était d’intercepter toutes éventuelles menaces en provenance de l’Est. Bien qu’officiellement neutre durant la Guerre Froide, la Suède surveillait activement les différents communistes. Après la chute de l‘URSS et la fin de la Guerre Froide, le FRA a continué d’exister et ses prérogatives ont été étendues.

En effet, en 2008, la proposition 2006/07 :63 – également appelée la FRA Law – est déposée au Parlement Suédois. En plus des écoutes téléphoniques, la proposition souhaitait instaurer une écoute de toutes les transmissions de données sur Internet. La proposition provoqua un tollé aussi bien médiatique, que populaire, que judiciaire.

Il convient de souligner qu’un an avant le dépôt de cette proposition, Rick Falkvinge, Président du Parti Pirate Suédois, avait enregistré une conversation téléphonique qu’il avait eue avec un responsable du personnel du FRA. Ce dernier affirmait que le FRA se livrait déjà depuis un moment à des écoutes téléphoniques illégales et que la proposition 2006/07 :63 avait pour but officieux de rendre licites ces différentes écoutes. Le MP3 de cette conversation fut diffusé peu de temps avant le dépôt de la FRA Law.

Mais en juin 2008, la loi fut adoptée par un vote de 143 contre 138.  Elle est entrée en vigueur en 2009 et permet l’interception des données téléphoniques et électroniques en rapport avec les organismes miliaires, les gouvernements et les administrations.

En 2011, le Gouvernement se proposait d’étendre cette surveillance électronique, permettant à la police de procéder à des interceptions afin d’endiguer les menaces criminelles transnationales, mettant en danger la sûreté nationale. Dans un communiqué de presse de juin 2012, le Ministère de la Justice s’est prononcé favorablement sur l’utilisation par la police nationale du « matériel » recueilli par le FRA. La proposition sera effective le 1er janvier 2013.

Organisation relativement opaque, ses données sont difficilement accessibles : on ne trouve pas son budget pour 2012, les données chiffrées datent de 2008. A l’heure actuelle, la FRA compte environ 700 agents. Du fait de la non transparence de cet organisme, les rumeurs et les suppositions les plus folles courent sur cette agence. Par ailleurs, le rapprochement entre le FRA et la Säpo (police de sûreté) a rajouté une couche de méfiance – qui était déjà forte – envers les agences d’intelligence gouvernementales.

En réaction à cela, les Suédois ont commencé à recourir assez massivement à certaines technologies permettant de chiffrer et d’anonymiser leurs communications, notamment les VPN, sans pour autant rechercher à commettre des actes délictueux ni même être des adeptes de la sécurité informatique. En effet, lors d’une discussion avec une bande de six Suédois, ils ont tous dit utiliser les services de VPN, non pas pour commettre des actes pénalement ou civilement répréhensibles, mais pour que leurs conversations privées restent privées. 

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